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Zone Euro : la baisse du taux d'épargne reste la clé de la reprise

Le scénario privilégié par les Européens est que la baisse de l'inflation, combinée à une hausse des salaires, permette un rebond de la consommation. Pour cela, il faudra aussi que le taux d'épargne se normalise.

Les Américains consomment et les Européens épargnent. D'un côté de l'Atlantique, l'optimisme est de rigueur et les ménages dépensent à tout va. De l'autre, la morosité règne en maître. La crise énergétique est passée par là, la divergence des politiques économiques aussi, les Américains ayant beaucoup relancé leur économie. Ainsi, dans la zone euro, le taux d'épargne brut des ménages représentait 14 % du revenu disponible brut en 2023, selon Eurostat. Il reste environ deux points plus élevé qu'au cours des années 2017 et 2018. En revanche, aux Etats-Unis, il n'était que de 4 % à la fin de l'an passé, selon les chiffres du Bureau de l'analyse économique (BEA), peu ou prou à son niveau de 2007, avant la crise financière.

Hausse des salaires et recul de l'inflation

En Europe, « la propension élevée à épargner peut refléter une grande prudence face à une forte incertitude économique mais il est aussi possible que le niveau important des taux d'intérêt incite les ménages à thésauriser », estiment les économistes de la banque HSBC dans une étude récente. Ce qui leur fait dire que la baisse espérée à venir des taux d'intérêt en Europe devrait faire baisser l'épargne et donc nourrir la consommation.

C'est sur ce mécanisme qu'est basé le scénario de reprise de l'activité économique dans la zone euro . « La consommation privée devrait être le moteur de la croissance » cette année, indiquait la Banque centrale européenne (BCE) dans ses prévisions publiées en mars dernier, en faisant l'hypothèse que le marché du travail allait résister .

Après avoir perdu du pouvoir d'achat, les ménages devraient en regagner un peu cette année grâce à la baisse de l'inflation attendue. Les salaires devraient progresser plus vite que les prix en 2024. La BCE table sur une hausse de 4,4 % de la rémunération par salarié dans la zone euro en moyenne en 2024 alors que les prix, eux, ne devraient grimper que de 2,3 % dans le même temps.

« Une forte croissance des salaires devrait permettre de soutenir le consommateur européen qui a subi d'importantes pertes de pouvoir d'achat au cours de l'épisode d'inflation à deux chiffres », résument les économistes d'Allianz Trade. Sauf si, face au recul de l'inflation, les entreprises préfèrent freiner les hausses de salaires pour sécuriser leurs marges. On n'en est pas encore là.

 

Vers une normalisation de l'épargne

Si l'on en croit la BCE, entre 2022 et 2023, le taux d'épargne des ménages européens a légèrement baissé, de l'ordre d'un point. Mais l'attitude face à l'inflation a beaucoup varié en fonction des revenus. Ce sont les classes moyennes qui ont puisé le plus dans leur épargne, pour financer leurs dépenses en loisirs et en voyages ainsi que leurs achats de biens durables face à la hausse des prix. Seuls les ménages européens faisant partie des 20 % aux revenus les plus élevés ont épargné plus en 2022 qu'en 2023.

Cela ne signifie pas que le taux d'épargne soit appelé à vite se normaliser dans la zone euro. En effet, en mars, la Commission européenne a interrogé les Européens comme elle le fait chaque mois et ceux-ci apparaissent encore très prudents, voire pessimistes. S'ils tablent sur une inflation à 2,5 % dans les trois années à venir, un chiffre un peu plus élevé que l'objectif de la BCE, une majorité d'entre eux jugent qu'il est encore opportun d'épargner. Nombreux sont aussi ceux qui préfèrent éviter de se lancer dans des achats importants en ce moment. Avec tout de même une consolation, au cours des derniers mois, l'amélioration du moral des familles européennes est lente mais visible.

Ainsi, la consommation des ménages devrait grimper de l'ordre de 0,9 % cette année dans la zone euro, selon les anticipations de la banque HSBC. Un chiffre qui reste toutefois deux fois moindre que le rythme connu avant la pandémie de Covid.

 

Source 

Guillaume de Calignon  

Les echos

2 avril 2024



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